L’humidité lui frappait le visage. Quelques rayons éclairaient le chemin de Marvel. Le soleil venait certainement de se lever, il ne savait pas. Il ne savait plus. Il sentait le sol rocailleux frotter ses chaussures. Il se sentait en harmonie. Il sentait la nature qui l’entourait. Le léger souffle qui soulevait ses cheveux. Il était bien. Il se sentait heureux. Une feuille effleurait sa joue et déposa une larme de rosée sur sa peau frileuse. Il sentit un léger frisson lui parcourir le corps. Qui le rafraichissait en même temps. Il déposa la paume de sa main afin d’arrêter cette goutte de tomber bien plus loin. La rattraper. Lui donner l’occasion de s’envoler et éviter qu’elle ne s’écrase sur le sol granuleux. Il tendit la main en continuant d’avancer. La goute s’envola aussi loin qu’il aurait pu l’imaginer. Elle tombait vers le ciel. Il leva la tête afin de la suivre, voir jusqu’où elle s’en irait. Elle semblait se perdre entre chaque feuille d’arbre pour revenir en arrière. Retourner jusqu’à la feuille qui avait été son foyer. Puis, il l'a perdu de vu, il ne savait plus où elle était. Elle était définitivement partie. Elle était libre à présent. Le coin de ses lèvres se courba pour rendre son visage plus gai. Malgré l’espace qu’il laissait entrevoir ses dents comme s’il était émerveillé par la grâce de ce spectacle. Il ne la cherchait même plus et laisser ses jambes prendre le contrôle de son destin et de son corps tout entier. Il se doutait que ses pas n’étaient pas réguliers mais il s’en foutait, il pensait que les pierres étaient du coton et qu’il marchait sur un fils en lévitation au-dessus de la terre. Qu’il avait atteint la cime des arbres. Peut-être qu’il retrouverait cette bulle d’eau une fois atteint la cime des arbres. Il était persuadé que sa démarche était saccadée, mais qu’elle l’emmènerait à sa destination. Il avait encore une fois passé la soirée chez Sloan, c’était un secret. Adolys n’était pas là. Et il ne fallait justement ne pas lui dire, ils avaient sans doute pensé qu’il était au pieu avec une de ses nouvelles conquêtes. Alors eux, ils avaient préféré s’amuser entre amis dans le silence le plus complet. Les seuls bruits qui avaient envahi la chambre de Sloan étaient les halos de fumée qui sortait de la bouche de chacune. Les yeux remplis d’étoiles. Ils n’étaient pas rouges et ensanglantés, mais brillant, étincellant de mille feux et paillette. Et ils s’exerçaient à former des formes avec leur bouche. Parfois Marvel y arrivait, dans ces cas-là il retombait dans son rêve, il éclatait de rire manifestant la plus grande joie qu’il ne pouvait exprimer sans l’effet de cette cigarette magique. Et il recommençait jusqu’à ce qu’un rond se dessine à nouveau dans l’air. Sloan était beaucoup plus fort que lui. Et plus il effritait la substance interdit, plus il faisait rouler les étincelles sous ses doigts, plus Marvel l’admirait. Sloan devenait grand, bien plus grand que n'importe qui d’autre, même plus grand qu’Adolys. Il devenait Dieu dans l’esprit de Marvel et il l’appelait ainsi, se reposant à ses côtés et s’imaginant être son bras droit, son coéquipier et collègue pour résoudre les mystères de la vie. Il pouvait trôner sur tout ReedWoods d’abord, puis après ils s’attaqueront à tout l’état et toutes les Amériques. Ils régneront sur le monde qui reviendraient à eux-mêmes. Il devenait un loup de mer bravant tous les louanges que la terre lui avait fait braver d’une main de maître. Il était capitaine, capitaine de ce bateau qu’il gouvernait d’une main de maître, le poignet attaché à la roue centrale. Les yeux fixés sur la chute qui les descendrait jusqu’à l’Armageddon. Son éclaireur placé en haut du mât éclairait de sa lanterne la brume aveuglante et les visages qui se dessinaient dans la masse. Des fougères leur barraient le passage pour atteindre la chute d’eau et de la dynamite s’était scotché à la coque du bateau. Des sirènes tiraient de leur queue éphémère l’encre qui les restait fixée sur le fleuve du Canada Australe, restant perdu devant le grand chef rouge qui leur déclarait la guerre contre la paix. Contre la communion. Cheval pourpre brandissait sa lance de feu pour la projeter sur les barils de rhum qui éclatait en une centaine de rire exotique et une horde d’homme moucheter de peinture rouge en guise de cerne les attrapèrent pour leur faire atteindre l’univers étoilé. La voie Lactée. Les comètes et les planètes. Les cieux. La lumière et ses étoiles.
Marvel brandissait le bras vers le plafond étoilé. Sloan lui redonnait une dernière barre avant de lui dire de rejoindre Adolys. Il avait quitté sa chambre, pensant à l’expérience qu’il avait vécue redescendant tranquillement dans la douceur avec une berceuse élégante qui lui réchauffait l’âme et ses pensées. Mais au-dessus des arbres, il n’était plus matelots mais musicien. Il était orchestre et pianiste à la fois. Il devenait violoniste et batteur de son groupe préféré. Il inséra deux dollars dans le jukebox pour que la musique recommence. Et il se posa dans son esprit. Toujours laissant guider ses jambes qui prenaient le relai en souverain. Elles devenaient Samaritaines. Candides. Et elles écoutaient ce petit air qui faisait encore planait le jeune homme qui semblait maitriser son corps comme personne d’autre. Il bifurqua sur une autre ranger. Il espérait trouver enfin son érudit, habillé d’un bonnet péruvien qu’il pensait aimer tant. Il semblait suivre le bon chemin. Une de ses mains frotta ses deux yeux à la fois, il commençait à retomber sur terre. Il se sentait toujours aussi bien dans son corps, dans la nature. Les branches des arbres s’écartèrent et laissaient apparaitre cette maisonnette dans ses bois. Elle n’était pas si grande que ça. Elle était parsemée de trous à chaque recoin, entre chaque poutrelle de bois. Elle ne pouvait certainement pas accueillir plus de deux personnes sans se sentir asphyxié. Mais s’était dans ce lieu que la bande d’amis aimait se reposer, près de cette cabane. Elle n’était pas fixée à un arbre, elle les dominait. Ils s’allongeaient sur les grandes racines du grand chêne rouvre qu’ils pensaient avoir été sculpté sur de la pierre. Mais ce n’était pas par cet arbre que le regard de Marvel semblait être attisé. C’était par ce visage. Ces courbes qui attendaient. Et Elvis Presley reprit son air entrainant. Jailhouse Rock le faisait une nouvelle fois sourire entre le plus profond de ces yeux noisette et de ses cheveux en bataille. L’air de musique caressait ses lèvres et son menton. La mélodie enveloppait sa mâchoire taillée dans du bois. Il était encore heureux. L’expression gracieuse se lisait comme une lettre de Victor Hugo. Marvel s’avança légèrement. Et se posa à côté d’Adolys : « Si tu savais quel point je suis heureux de te voir ».